vendredi 3 avril 2015

GENERALITES DU CHAMPIGNON


GENERALITES



CHAMPIGNON :

Un mot magique qui fascine et intrigue tout à la fois !
Pour démontrer la pluralité de ce monde insoupçonné, prenez donc place près
de moi dans une salle autour d'un repas l
éger. Observez : les Champignons sont
l
à, connus ou insoupçonnés, dociles ou agressifs, visibles ou invisibles. Sur la table,
que ce soit le pain, le fromage, la bi
ère ou le vin, nos aliments doivent beaucoup
aux levures qui fermentent, panifient et inventent pour nos palais des mets aux go
ûts
recherch
és. Je suis sûr que parmi les convives, certains ont des rapports difficiles
avec les Champignons et souffrent d'une mycose cutan
ée, digestive, voire pulmo-
naire ! Du reste, bien souvent, le traitement m
édicamenteux utilisé des molécules
(antibiotiques m
ême antifongiques) issues des cultures de Champignons.
Sans même en souffrir, notre peau, notre tube digestif, abritent des colonies de
levures inoffensives qui participent
à notre vie de tous les jours : la flore intestinale
contient des myriades de souches de levures.
Toujours autour de nous, le petit pot de fleurs, qui garnit la table, abrite des mycé-
liums de Champignons qui « travaillent » l'humus et fournissent des éléments assi-
milables par la plante. Enfin, l'air que nous respirons, bien que charg
é de fumée
(tabac oblige !), contient des millions de spores qui n'attendent que des conditions
favorables pour faire souche et se d
évelopper.
Ainsi, les Champignons colonisent la terre, l'eau et l'air. C'est souvent le résul-
tat d'une
évolution réussie et féconde, et pourtant « Dame Nature » ne semble pas
les avoir g
âtés par rapport aux autres végétaux.

UN VEGETAL PARTICULIER


Les Champignons connaissent l'inconvénient des végétaux en général : le man-
que de mobilit
é pour se nourrir. Comble de malchance, ils ne possèdent pas l'avan-
tage de la plupart des plantes : la chlorophylle, ce pigment vert, qui ne se forme
qu'
à la lumière.Cette invention majeure du règne végétal permet de transformer
en mati
ère vivante le gaz carbonique disponible dans l'environnement au moyen
de la photosynth
èse (qui utilise l'énergie solaire).
Ces « parias du monde végétal » ont refusé de disparaître et ont imaginé des adap-
tations pour survivre, gr
âce à d'immenses capacités biochimiques et enzymatiques
qui leur permettent de retirer le carbone n
écessaire à leur existence à partir des
mat
ériaux les plus divers. Incapables de « gagner leur vie » à l'instar des autres plan-
tes, les Champignons jouent les
« Clochards » du monde végétal : ils vivent des
restes, se d
éveloppent sur les déchets d'animaux ou de végétaux morts (Champi-
gnons saprophytes), ou se montrent agressifs et encombrants, tirant leur subsis-
tance d'
êtres vivants, végétaux ou animaux (Champignons parasites) et allant jusqu'à
causer leur mort.
Grisés par cette vie de mendicité et d'agressions, les Champignons ont colonisé
les milieux les plus ingrats : Ils vivent dans l'eau et parasitent poissons et plantes
aquatiques, ils supportent les temp
ératures les plus extrêmes et certains (genre Fusa-
rium) supportent le climat de la Sib
érie. Pour envahir des milieux particulièrement
hostiles, ils ont sign
é un « traité de coopération » avec les Algues et ont inventé
les Lichens.
Très polymorphes, ils peuvent exister à l'état microscopiques (levures, moisis-
sures), ou s'
ériger en végétaux.de taille humaine (Pblypore géant).
Enfin, leur reproduction emprunte des chemins variés. Les spores (semences)
sont diss
éminées par l'eau, le vent (poudre des Vesses de loup), ou même par les
insectes, (photos 19 et 20, pages 64 et 65).
Tels sont ces végétaux étranges qui ne possèdent ni tige, ni racine, ni feuille
et qui ne connaissent pas la photosynth
èse chlorophyllienne.

LA VIE SECRETE DES CHAMPIGNONS
Toute l'organisation de leur vie est centrée sur leur nourriture. Pour se procurer
le carbone nécessaire à la vie, les Champignons s'y prennent de plusieurs façons :
Les parasites.
Bon nombre de champignons inférieurs utilisent ce mode de vie. Ce sont les
« voyous » du monde des Champignons qui agressent leurs victimes et vont jusqu'à
les tuer.
Ils causent de terribles maladies aux plantes cultivées (mildiou de la Vigne) aux
plantes sauvages, aux Insectes (Entomophtorales, photo 4, page 54) et aux Pois-
sons (Saprolegniales parasites des Poissons vivants et des plantes aquatiques).
Un certain nombre de Champignons supérieurs agissent de même. Dans nos
forêts, les arbres malades portent des Champignons parasites ; il s'agit souvent
de Polypores. Il y a d'ailleurs des degrés dans le parasitisme et bien souvent le Cham-
pignon ne se développe que si l'arbre est déjà malade, affaibli ou attaqué par un
Insecte. Ainsi la maladie de l'Orme fait suite à l'attaque d'un Insecte qui, creusant
des galeries sous l'écorce, favorise l'entrée et la diffusion du mycélium du Cham-
pignon dangereux. Une branche cass
ée, une écorce meurtrie sont autant d'invita-
tions et de portes ouvertes à l'agression du Champignon parasite. Certains Cham-
pignons poussent l'audace jusqu'à se développer au détriment d'autres espèces
fongiques. Ainsi le Cordiceps capitata attaque la Truffe des Cerfs (Elaphomyces
variegatus), ce qui permet en creusant le sol où apparaît le Cordiceps de découvrir
plus facilement ladite Truffe, hélas sans intérêt culinaire !...(voir photo 6, page 33).
Les symbiotes.
En dehors de ces « sans-gêne » qui se nourrissent aux crochets des êtres vivants,
certains Champignons « savent vivre » : ils collaborent loyalement avec leurs par-
tenaires. En
échange du carbone qu'ils leur empruntent, ils leur rendent des servi-
ces nécessaires à leur bon développement.
En dégageant minutieusement les racines d'un arbre, on observe sur les radicel-
les des sortes de manchons constitu
és de mycélium (voir photo 5, page 55). Ces
formations appel
ées mycorhizes sont de véritables plaques tournantes : l'arbre
donne la matière carbonée synthétisée grâce à ses capacités chlorophylliennes, le
Champignon lui fournit certaines substances contenues dans le sol qu'il ne saurait
assimiler par ses propres moyens (fig. 1).
La connaissance de ces liens intimes a permis de mieux cerner la vie de certains
Champignons en particulier pour réaliser leur culture (exemple : la Truffe). Ce type
de relation existe également chez les Lichens et chez les Orchidées où le Champi-
gnon tient un rôle de premier plan (voir plus loin).
Les saprophytes.
Troisième catégorie, la plus nombreuse chez les Champignons supérieurs, celle
des Champignons saprophytes (exemple photo 2, page 53). Ce sont les « éboueurs »
du monde animal et végétal dont ils recyclent les êtres morts. Parfois le végétal
mort est un Champignon : ainsi les « Nyctalis » se développent sur les restes de
Russules (photo 3, page 54) et la « Volvaire de Lovey » sur le Clitocybe nébuleux.

Utiles et inoffensifs, ils recyclent sans cesse la matière organique morte (humus,
feuilles, cadavres d'animaux, fumiers, excréments, etc..) y puisant le carbone qui
leur est nécessaire. Leur travail permet de restituer au sol, en union avec les Bacté-
ries, toutes sortes de composés indispensables à sa fertilisation. Ils tiennent tout
à la fois le rôle d'une usine de traitement des ordures et de valorisation des matiè-
res premières.
Les Champignons participent ainsi à la vie de l'arbre tout au long de son exis-
tence. Les Champignons mycorhiziques aident à sa croissance et à son développe-
ment harmonieux. Les parasites l'agressent et le terrassent dès qu'il vieillit ou qu'il
est bless
é et les saprophyhtes débarassent son cadavre en s'en nourrissant et en
recyclant ses constituants dans le sol forestier.
S'il est vrai que les Champignons égaient la forêt par leurs couleurs, il faut gar-
der à l'esprit, que sans ces derniers, il n'y aurait point de forêt.
Alors, comestibles ou non, beaux ou laids, ne les bousculez pas au détour du
chemin : ils occupent une place de premier plan dans l'écologie de la biosphère,
car en union avec les Bactéries ils conditionnent le cycle du carbone.
Le cycle de carbone : l'arbre fixe le carbone de l'air grâce à la photosynthèse chlorophylienne. Le
carbone est fourni au champignon grâce aux mycorhizes qui relient les racines de l'arbre au mycélium
du « Champignon-Symbiote ».



ECOLOGIE DES CHAMPIGNONS


Nous allons aborrder les associations particulières qui unissent certains Cham-
pignons au monde vivant, animal ou v
égétal.

Relations « Champignons-Insectes ».

Termites.
Dans la savane africaine, les Termites cohabitent avec des Champignons (Ter-
mitomyces schimperii, par exemple) qui se d
éveloppent dans leurs termitières.
Les Termites abritent dans leur « cathédrale d'argile », sur des meules humides
et riches en d
ébris (déjections, reliefs de repas, etc.), le mycélium du Champi-
gnon dont elles se servent pour leur alimentation. En effet, les Termites ne poss
è-
dent pas d'enzymes propres à digérer la cellulose du bois. La meule elle-même cons-
titu
ée d'une masse cellulosique est digérée par le Champignon puis consommée
gr
âce aux Bactéries Cellulolytiques contenues dans l'intestin postérieur des ouvriers
Termites.
En contre-partie, le mycélium, abrité des intempéries, à température et humidité
constantes, prolifère sans problème ; et, à maturité, pour assurer la pérennité de
l'espèce, les carpophores traversent la termitière et s'épanouissent à l'air libre pour
produire leurs spores (voir fig. 2). Ces Champignons sont très appréciés des Afri-
cains et font partie de la gastronomie locale. 


On note donc une coexistence pacifique, où chacun des partenaires trouve son intérêt.



Les Termitomyces se développent sur des meules dans les termitières. A maturité, les carpopho-
res traversent la termitière et s'épanouissent à l'air libre.


Fourmis.
On observe entre les Fourmis du Nouveau Monde du groupe des Attinées (les
« Atta » et les « Acromyrmex ») et le mycélium d'un Champignon particulier des
relations intimes.
Le mycélium passe d'une génération de Fourmis à la suivante par le soin des
femelles récemment fécondées qui transportent des morceaux du « jardin paren-
tal » (contenant des fragments mycéliens) dans une poche qu'elles possèdent dans
la bouche. Parvenues en un lieu nouveau, ces femelles d
éposent leur précieux far-
deau qu'elles fertilisent aussitôt en y déversant leur liquide fécal. Elles pondent ensuite
dessus. Les larves naissent sur ce minuscule jardin fongique, entretenu par l'ap-
port permanent des feuilles découpées dans les arbres des forêts. Le mycélium pro-
duit des renflements remplis de plasma. A mesure que ces renflements se déve-
loppent, les Fourmis les mangent. Ainsi le carpophore ne peut se former si ce n'est
sur les fourmilières abandonnées. Le Champignon est souvent un Basidiomycète
(Leucocoprinus gongylophorus) et il sert de nourrice
à ces Fourmis coupeuses de
feuilles.


Ces deux exemples concernent des Champignons dociles et coopérants. Par-
fois les relations Champignons-Insectes sont plus brutales et les Champignons para-
sitent bon nombre d'Insectes vivants, par exemple : Cordiceps militaris qui attaque
volontiers les chrysalides de Papillons (photo 12, page 59). Ces effets ravageurs
sont mis à profit par l'Homme pour lutter contre certains Insectes nuisibles aux cul-
tures, c'est ce que l'on appelle la lutte biologique (voir chapitre III).

Relations « Champignons-Végétaux ».


Les Champignons symbiotiques qui vivent en liaison avec les végétaux sont
innombrables. Des genres entiers de Champignons (Amanites, Bolets, Hygrophore),
la plupart des Lactaires et des Russules, certains Cortinaires, ne végètent que si
leur myc
élium rencontre les racines vivantes d'arbres, de buissons ou même de
Graminées.


Symbiose avec une Algue = LES LICHENS.
Avec les Mousses, les Lichens cohabitent sur les milieux les plus ingrats parfois
même les plus surprenants (lave après une éruption, portière de voiture, pierre tom-
bale, glacier).
Dans son désir de conquête du globe, le Champignon a dû « s'allier » avec l'Al-
gue pour coloniser certains terrains difficiles. L'Algue (souvent une Algue verte),
grâce à la photosynthèse, fournit au Champignon des composés organiques synthé-
tisés par sa chlorophylle. En échange elle reçoit du Champignon une alimentation
en eau et en sels minéraux, puisés dans le substrat et dans l'air.
La synthèse « Algues-Champignon » est complexe, elle crée un végétal nou-
veau : le Lichen. Ce végétal a un rôle pionnier dans la conquête des milieux hosti-
les, car il arrive à constituer un premier humus qui accueillera par la suite une flore
plus évoluée, Fougères, Graminées, arbustes puis arbres, qui, eux, ont besoin d'un
milieu nutritif plus élaboré et plus abondant.
Du fait de leur mode de vie (ils filtrent beaucoup d'air), les Lichens sont très sen-
sibles aux pollutions de l'air : ils permettent par leur absence ou leur présence de
définir un indice du taux de pollution de l'air.
Les Lichens sont mangés par les Rennes (« Cladonia » et (photo 8, page
56)
« Cetraria »), ils sont utilisés par l'Homme pour son alimentation et pour la con-
fection de parfums (« Chypre », « Fougère », « Cuir de Russie », etc.).
Enfin, leur croissance très lente, alliée à leur sensibilité aux polluants de l'air,
les font rechercher :
-  sur les arbres pour connaître la pollution acide d'une région,
-  sur les roches pour déterminer leur composition,
-  sur les moraines pour les dater,
-  sur les roches de montagnes pour évaluer la hauteur des neiges hivernales.
Merveilleux mariage de raison ? Voire, car le Champignon semble plus domesti-
quer l'Algue que collaborer librement avec elle. Certes, ni l'Algue ni le Champignon
ne peuvent survivre où vit le Lichen, mais les rapports étroits qu'entretiennent les
deux partenaires sont plus ceux d'Un maître (le Champignon) et d'un esclave (l'Al-
gue) que de deux camarades de travail !
Symbiose avec les Orchidées.
Dans l'aventure des plantes les Orchidées représentent un sommet de l'évolu-
tion : toute la fleur est organisée pour la reproduction. La fleur fanée fournit une
gousse qui contient des milliers de graines. Dépourvues de réserves alimentaires,!
les graines d'Orchidées doivent, pour germer, entrer en contact intime avec le mycé-
lium d'un Champignon (souvent du genre Rhizoctonia) qui est spécifique d'une
espèce. Le mycélium s'insinue dans les cellules de la graine et aide au développe-
ment de la plantule en lui apportant sa nourriture. L'aide n'est pas désintéressée
car devenue adulte, l'Orchid
ée fournira au Champignon les composés carbonés
dont il a besoin. Seulement voilà : L'Orchidée est ingrate et cherche à se débarras-
ser de son
« associé » dès qu'elle n'en a plus besoin. Mais le Champignon s'accro-
che et résiste, afin d'assurer sa nourriture. Nous vivons ces situations et ces rap-
ports de force dans notre vie de tous les jours I...
Ingrate Orchidée dont la graine ne peut germer sans l'intimité d'un Champignon
spécifique, qu'elle cherche à rejeter dès que possible. On comprend mieux la fragi-
lité de telles plantes, qui sont à la merci de la moindre modification du milieu. Cela
d'autant plus que là fécondation des Orchidées n'est assurée que par certains Insec-
tes, eux-m
êmes souvent spécifiques pour une espèce donnée. L'Orchidée est donc
inféodée à un Champignon et à un Insecte pour assurer sa survie.
Ainsi le Vanillier (qui est une Orchidée mexicaine),(photo 7, page 56) implanté
dans l'Océan Indien, se développe à merveille sous ce climat, mais on doit assurer
sa f
écondation de façon manuelle, car ses Insectes pollinisateurs (des genres Meli-
pona et Trigona), originaires comme lui d'Amérique Centrale, n'existent pas dans
cette région du globe.


Les aléas de l'évolution ont mis en rapport des êtres vivants (animaux et végé-
taux) qui onj songé à s'unir pour mieux vivre. Cette synergie est parfois complexe
et l'
égoïsme d'un des deux partenaires conduit souvent à un conflit larvé ou à une
cohabitation faite de domination et de parasitisme atténué : c'est la vie I...
L'Homme, avec ses conflits d'intérêt, ses rapports de force permanents, n'a rien
inventé. La nature obéit à ces mêmes règles, depuis la nuit des temps, qui sem-
blent, hélas, avoir inspiré notre société...

Prenons un Agaric ou Champignon de Paris, enlevons le chapeau et posons-le
sur une feuille de papier, lamelles tourn
ées vers le bas. Au bout de quelques heu-
res, on d
écouvre sur la feuille un dépôt de poussière rose-rouille dont la disposition
épouse la forme des lamelles du chapeau. Au microscope, cette poudre apparaît
form
ée de multiples spores, de quelques millièmes de millimètres.
Dans la nature, ces spores très légères, sont transportées par le vent et si le ter-
rain, les conditions de temp
érature et d'humidité sont favorables, elles germent et
donnent naissance
à des filaments enchevêtrés (les hyphes) qui constituent le
myc
élium.
Comparée à un végétal supérieur, la spore joue le rôle de graine, le Champignon
celui de fruit et le myc
élium celui de la plante (voir fig. 3).


Rapporte à un autre végétal, le champignon est un fruit, la spore une graine, le champignon plante
est souterrain.

LE MYCELIUM.


Le mycélium se développe sous terre et peut très bien rester en sommeil sans
produire le moindre carpophore (= fruit =
« Champignon »). Si la température et
l'humidit
é deviennent favorables (ce qui est souvent le cas en automne), les hyphes
du myc
élium se ramifient et donnent naissance à un carpophore (fig. 4). Le Cham-
pignon appara
ît alors au niveau du sol, bien différencié. A maturité, il produit des
spores et le cycle se continue...



Cycle d'évolution des champignons supérieurs, de la spore au fruit.


Deux remarques s'imposent :
-  se débarrasser d'une espèce en culbutant les Champignons est illusoire car
le mycélium souterrain n'est pas atteint,
-  espérer une repousse d'espèces comestibles à partir de sujets adultes n'est
pas facile, car avoir des spores ne suffit pas !...

LES RONDS DE SORCIERE


Le Faux-Mousseron (Marasmius oreades), pousse en cercles à peu près régu-
.liers dans l'herbe des prairies (voir photo 1 ,page 53). Beaucoup d'autres Champi-
gnons poussent ainsi en cercles, aussi bien dans les pr
és qu'en forêt. Là, les acci-
dents de terrain et la pr
ésence des arbres nuisent à l'harmonie du cercle qui se
fragmente, et ne se voit pas toujours.


Evolution schématique d'un rond de sorcière. Parfois l'anneau mycélien se fragmente en arcs de
cercle au fil des ans.


Cette forme particulière suscita bien des interprétations fantaisistes. Qu'observe-
t-on sur le sol ? Une zone annulaire dénudée où fructifie le Champignon, et de part
et d'autre des zones où l'herbe est plus verte et plus haute (voir schéma n° 5).
Cette forme et cette disposition particulières intriguent et paraissent mystérieu-
res - D
ès qu'il se trouve confronté à un mystère l'homme cherche à l'expliquer par'
le surnaturel -. La tradition populaire du Moyen-Age s'est emparée du phénomène
et l'a expliqué par la sorcellerie.

On racontait que certaines nuits, les sorciè-
res allumaient un grand feu et dansaient tout autour au clair de lune ! On notera
que cette interpr
étation « colle » assez bien à l'observation. La zone dénudée sem-
ble « brûlée » et la ronde des sorcières expliquerait la repousse plus vigoureuse de
l'herbe. Du reste l'appellation « ronde de sorcières » rend bien compte de la survi-
vance de cette légende.
La réalité est tout autre. En poussant dans le sol, le mycélium épuise les élé-
ments nutritifs dont il a besoin pour vivre, il s'éloigne donc de son point de départ
en agrandissant le « rond ».


MARASNIUS OREADES

Rond de faux-mousseron : le

champignon fructifie dans une zone

d'herbe. Dénudée, de part et d'autre,

l'herbe est plus haute et plus verte.


LYOPHYLLUM GEORGII

Rond de tricholome de la Saint-

Georges : le champignon fructifie

dans une zone où l'herbe est plus

haute et plus verte.

Le centre devient stérile par épuisement du milieu nutritif. D'autre part, le mycé-
lium rejette des substances azotées (sels ammoniacaux) qui sont d'abord toxiques
pour l'herbe (aspect brûlé) puis, diluées par les eaux de pluie, ces substances les-
siv
ées perdent leur nocivité et deviennent au contraire un engrais azoté bénéfique
à l'herbe poussant de part et d'autre de cet anneau brûlé (voir schéma, fig. 6).
Le cercle s'agrandit chaque année de 10 à 50 cm, voire 1 m. Il en existe d'im-
menses et la détermination de leur diamètre peut permettre leur datation approxi-
mative. Près de Belfort on en signale un qui atteint 600 m environ de diamètre,
ce qui semble indiquer qu'il serait
âgé de près de 700 ans ! La germination de la
spore à l'origine de ce rond de sorcières a donc eu lieu au Moyen-Age !...
En prairie, ces ronds de sorcières, facilement repérables, permettent à l'ama-
teur de traquer le Mousseron de printemps (Lyophyllum gambosum = Lyophyllum
georgiij,
le Faux-Mousseron (Marasmius oreades), ainsi que le Pied-bleu (Rhodo-
oaxillus saevus), tous trois excellents comestibles.

LA REPRODUCTION

Comme tous les êtres vivants, les Champignons se reproduisent dès que les con-
ditions de vie deviennent difficiles. Ainsi les conditions de l'automne (pluie et froid
mod
éré) que l'on dit « favorables », sont certes favorables pour notre estomac (!)
car de nombreux Champignons fructifient, mais en fait c'est parce que les condi-
tions de croissance du myc
élium deviennent défavorables que celui-ci émet ses
fruits pour assurer la p
érennité de l'espèce. Ainsi, par exemple, l'herbe des ronds
de sorci
ères des Tricholomes est très verte (ils « marquent ») au printemps et en
été dans les prairies et sont moins perceptibles en automne : en début de saison
l'herbe profite de l'intense activité du mycélium, alors qu'à l'automne celui-ci pro-
duit ses « fruits » et réduit son activité jusqu'au printemps suivant.

La spore : organe de reproduction.
La spore est l'organe de propagation de l'espèce. Chez les champignons supé-
rieurs elle peut se présenter de deux façons différentes :(voir fig. 10, page 15)
-  Sur une « baside » chez les Basidiomycètes.
-  Dans un « asque » chez les Ascomycètes.
Vues au microscope, la forme et la couleur de ces spores permettent d'identifier
certains Champignons dont les caractères visibles à l'œil nu ne les différencient
pas suffisamment.



COMMENT DETERMINER LES CHAMPIGNONS ?

Morphologie :

L'examen du carpophore permet de déterminer aisément le groupe auquel appar-
tient le Champignon :
  Champignons à chapeau porté par un pied avec organe de reproduction dirigé
vers le bas (lames, tubes ou aiguillons),
  Polypores, poussant sur le bois, sans pied, à pores ressemblants aux tubes
des Bolets et à chair coriace,
  Autres espèces à formes typiques :







DETAILS D'UN PIED :
A  = Fibrilleux
B = A Réseau réticulé
C = Ponctué
D = Pelucheux

En général, le Champignon supérieur se compose d'un pied et d'un chapeau.



DIFFERENTES BASES DE PIED                   3 : Radicant
1  : Bulbeux                                              4 : Volve (sac à la base)
2  : Bulbe margine                                      5 : Champignon poussant en touffes





1 Anneau simple                                              3 Chapeau couvert de verrues
2 Anneau mobile                                              4 Chapeau pelucheux


LE PIED (fig. 7 et 7 bis)

Il est de taille et d'allure diverses, renflé ou non à la base, parfois muni d'un anneau
(mobile ou non) ou d'une volve en forme de sac à la base.

L'insertion du pied sur le chapeau est le plus souvent centrale, mais elle est par-
fois excentrée (Pleurotes) ou latérale (Polypores).


 
INSERTION DES LAMES CHEZ LES AGARICS
A : Lama libre
B : Lame adn
ée
C : Lame
échancrée
D : Lame d
écurrente


LE CHAPEAU (fig.8)
Il porte l'appareil reproducteur (l'hyménium) qui fabrique les spores. Cet appa-
reil sporifère est diversifié et peut être :
-  dirigé vers le bas (lamelles, tubes, aiguillons),
-  dirigé vers le haut (Pézizes),
-  constitué de gléba soit à l'intérieur du carpophore, enfermée dans un sac qui
se déchire et libère les spores qui seront dispersées par le vent (Lycoperdons), soit
exposée à l'air libre et les spores seront diffusées par les Insectes (Phallus).
Voir photos 19 et 20 pages 64 et 65.

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